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En cette fin d’après-midi,
Madame la Justice est
tranquillement assise sur un
banc et profite des derniers
rayons du soleil, quand un
malappris vient se poster devant
elle. Sans même se présenter, il
l’apostrophe en ces termes :
- Madame, j’ai une question à
vous poser .
- Et si vous commenciez par vous
ôter de mon soleil, dit Madame
la Justice, tel Diogène à
Alexandre.
- Savez-vous seulement qui je
suis pour me parler ainsi ?
Rétorque Monsieur le Pouvoir
- Oui, dit Madame la Justice,
vous êtes un arrogant et un mal
élevé.
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- Non, dit-il, je suis Monsieur
le Pouvoir et j’ai celui de vous
nuire si vous ne faites pas ce
que je vous demande.
- Parle sans t’émouvoir,
Monseigneur du Pouvoir, puisque
je n’ai pas d’autre choix que
celui de me plier à tes
volontés. Sache que je suis,
moi, Madame la Justice et que
j’ai le souci que les rapports
entre êtres humains se fassent
selon des règles bien établies
qui garantissent le droit de
chacun.
- Bien, voilà ce que je veux
savoir : quand on a, comme moi,
le pouvoir et que l’on peut
imposer aux autres ce que l’on a
décidé, comment peut-on faire
pour être sûr que la justice
dont tu me parles est bien
respectée ?
- Ah, Monsieur la Pouvoir, cette
préoccupation t’honore et je
suis bien aise que tu me poses
cette question. Voilà ma réponse
: prends ta décision en
conscience après avoir entendu
tous ceux qu’elle concerne et
avoir pesé ses conséquences.
Explique bien à tous quelles
sont les raisons qui t’ont amené
à prendre cette décision et fais
la appliquer en prenant garde
que le plus fort n’en impose
jamais au plus faible.
Catherine Bonaïti
– 29 novembre 2012